Le dégout : un bon plan ?

Auteur:
Julien
Bohet
- Publication: 27/06/2018 - Mise à jour: 28/06/2021 - Vues:

Dans le cadre du CPC (cours de Philosophie & citoyenneté), une classe de 5e secondaire général a créé, en sous-groupes, un support cinématographique autour du dégout pour l'animation future d'ateliers philosophiques.

    Présentation
    Type d’enseignement
    Ordinaire
    Niveau d’enseignement
    Secondaire
    Section pour l’enseignement secondaire
    Transition
    Classe(s) concernée(s)
    5ième et 2ième
    Nom et adresse de l’institution où l’activité a été réalisée
    Athénée royal de Huy - Quai d'Arona, 5 - 4500 HUY
    Compétences visées

    Dès l’instant où les élèves sont engagés dans un processus de production médiatique, ils seront confrontés à des situations qui mettront en jeu des compétences  informationnelles et techniques:

    • de lecture par le regard critique qu’ils porteront sur les extraits de films vecteurs de l’émotion étudiée et les moyens techniques qu’ils utiliseront pour les lire dans des conditions propices aux échanges et aux délibérations
    • d’écriture à travers les dialogues ayant du sens pour développer des émotions et la maîtrise des opérations techniques nécessaires pour rendre l’émotion perceptible dans la vidéo avec l’aide de leurs professeurs et de Serge Miller
    • de navigation pour explorer les figures de langage propres à chaque extrait de films et utiles à la réalisation du projet
    • d’organisation dans la chronologie des tâches à accomplir pour réaliser la vidéo

     
    Sur le plan social, ce sont surtout les compétences liées aux échanges entre les élèves qui seront développées : confrontation des points de vue, des représentations et organisation du travail de groupe en tenant compte de la personnalité de chacun.  Les compétences particulières des élèves seront sollicitées et notamment celles liées à l’écriture de dialogue, à la conception d’un scénario, à la mise en place des dispositifs techniques pour réaliser la vidéo sous les conseils avisés d’un professionnel et de leurs professeurs.

    Dans le programme de CPC, ce projet avec les 5e s’articule sur l’UAA 3.1.3 « bioéthique » du Troisième degré qui fait acquérir spécifiquement les compétences d' « analyser un problème bioéthique » et de « justifier une prise de position sur un problème bioéthique ». Le projet n’est cependant pas sans rapport avec d’autres UAA du programme :

    • l’UAA 2.1.6 : « Relation sociale et politique à l’environnement »

    Les compétences acquises seront d’ « identifier et expliciter les relations de l’humain avec son environnement naturel et culturel » et de « Justifier une prise de position dans la relation sociale et politique à l’environnement ».

    • l’UAA 2.2.2. : « média et information »

    Les compétences acquises seront de « questionner ce qui semble évident, ce qui se présente comme vrai dans les médias et sur les réseaux sociaux » et de « questionner la manière dont les médias et les réseaux sociaux transmettent l’information et construisent la réalité »

    En plus des compétences spécifiques d'éducation au média cinématographique (exercer son regard critique sur les extraits montrés, s'initier à la création en naviguant dans le langage filmique, jouer ce qui est imaginé sur papier), les élèves ont mobilisé aussi, pour cette première année du cours de Philosophie et citoyenneté, les compétences types du cours et de poursuivre, durant ce cours d’1h/semaine qui a comme enjeux d'aider à reconnaître la pluralité des idées, à se situer explicitement par rapport à une autre position, à mieux penser avec les autres les grands problèmes de notre citoyenneté démocratique. Le CPC vise à ce que les élèves prennent une place mais rien que sa place, adoptent une attitude constructive dans une discussion collective, s'étonnent, ou encore ajoutent explicitement les aspects problématisant à un discours argumentatif. 

    Déroulement de l’activité

    Néant

    Dispositif didactique et matériel


    Plusieurs dispositifs pédagogiques sont mis en place pour mener à bien le projet : 

    • Réflexion collective sur l'émotion de degout (versus l’abject, de l’informe, de la provocation excessive) via une des formes de l'atelier philo (CRP, DVDP, ARCH, ...)
    • Recherche individuelle sur l’émotion
    • Analyse collective des extraits cinématographiques degoutants : distinguer petit à petit le dégout naturel et le degout culturel
    • Analyse en sous groupes de l’extrait de référence à leur propre court-métrage
    • Tournage collectif de tous les courts-métrages
    • Auto-évaluation


    Ce type de projet nécessite du matériel. Relevons au moins : ordinateur, projecteur, écran de projection, caméra avec de bons objectifs, enregistreur son, panneaux éclairage Led, …
    sans oublier les DVD des films et séries télévisées suivants, en évitant les films gore ou "politiquement incorrects" : 

    • “Fabuleux destin d’Amélie Poulain” 
    • “Vice versa”
    • “Le ciel attendra”
    • “Demain ne meurt jamais” (James Bond)
    • “17 filles”
    • “Lol”
    • “Tout Nouveau Testament”
    • “Et toi t’es sur qui ?” 
    • "Docteur House" Saison IV épisode 15
    • "Dowtown Abbey" Saison II épisode 6 “Retour à Dowtown” et Saison III épisode 8 “Secrets & confidences”

    Ajoutons spécifiquement, par rapport à la créativité de cette année, une boule à facettes, des fausses affiches de résultats de session et un ... sandwich dégoulinant de mayonnaise. 

    Et pour les animations philo : une salle à l’environnement calme où le groupe peut discuter en cercle. 

    Notes

    Lors de la rédaction de l'appel à projet pendant l'été 2018, la classe envisagée avait eu, l'année scolaire précédente, une première expérience dans le cadre de la Journée citoyenne. Nous avions créé un court-métrage philosophique à propos de la bibliothèque. Ces élèves se sont retrouvés éparpillés dans différentes classes.  Il a donc fallu reprendre tout à zéro : l'animation philo, l'éducation à la navigation dans le cinéma, ... cela fait beaucoup pour un cours à 1h / semaine.

    L'horaire définitif ne nous a pas aidés non plus : la toute première heure du lundi qui s'est révélée une grosse journée de cours pour le professeur. 

    Le dégout est une émotion essentielle à l'être humain, individuellement et collectivement. Elle est en général à l'école peu réfléchie : c'était donc l'occasion. Mais elle est difficile à penser dans la nuance, difficile de se décenter de ce "mouvement naturel de rejet" sans avoir le temps de creuser ensemble les notions de vérité, de justice, de liberté, de volonté, de refoulement, d'identité, d'existentialisme, de phénoménologie ...  Le cinéma est une mine d'or à ce propos mais les élèves manquent de mots. La qualité de la réflexion philosophique est donc faible. Les court-métrages ne se terminent ni vraiment par un début de discussion problématisante ni par une question philosophique ...  

    N'empêche, en terme d'initiations aux médias et à la philosophie, le projet est une réussite ! Les élèves ont lu, navigué, ... produit, joué et réfléchi !

    La place de l’éducation aux médias

    « Eduquer aux Médias, c’est rendre chaque jeune capable de comprendre la situation dans laquelle il se trouve et l’inviter à réfléchir à ce qu’il fait lorsqu’il est destinataire et/ou producteur de messages médiatiques ». « Eduquer aux Médias, c’est rendre l’élève apte à être un lecteur, un auditeur, un spectateur, (...) un auteur actif, citoyen, critique et responsable, capable de s’approprier un maximum d’informations à partir de n’importe quel type de document médiatique comme ... le cinéma, ... ». Les élèves sont en effet conscientisés à leurs émotions de base (dégout en particulier ici) et amenés à réfléchir sur leurs implications dans leur citoyenneté individuelle et collective quand ils regardent (des films) et produisent un média vidéo suscitant la discussion.

    Catégories de médias

    Support cinématographique autour du dégout pour l'animation future d'ateliers philosophiques.