La parole à Jean-Jacques Deleeuw
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Le CSEM a décidé de donner chaque mois la parole à un expert afin de se pencher sur une question d’actualité en lien avec l’éducation aux médias.
Ce mois-ci, la parole est à Jean-Jacques Deleeuw, rédacteur en chef de BX1 et membre du CSEM afin d'évoquer le Rallye des médias consacré cette année aux médias de proximité.
Cette année le Rallye des médias se fait dans les médias de proximité, c’était important de mettre les projecteurs sur les médias de proximité ?
On s’est rendu compte en organisant cette édition que jusqu’à présent le « Rallye de médias » ne concernait que les médias nationaux. On se retrouvait donc avec une vision très globalisée et nationale des médias alors qu’il existe également plein de médias locaux. On a donc voulu proposer au CSEM de mettre cette année un accent sur l’aspect proximité. En tant que rédacteur en chef de Bx1, je peux vous dire que l’actualité régionale bruxelloise est par exemple très importante, ce sont des décisions et des mesures différentes que celles qui sont prises au niveau national. Ce travail journalistique mérite d’être expliqué et montré aux enseignants.
Y-a-t-il une différence dans le travail journalistique entre un média de proximité et un média national ?
Le travail journalistique est le même, cela reste des journalistes qui travaillent avec la déontologie journalistique. Ce qui change c’est évidemment la perspective de bassin de publics et de zones géographiques. En termes d’actualité internationale par exemple, elle ne sera pas traitée dans les médias de proximité qui seront beaucoup plus attachés à leurs zones géographiques quelles que soient les thématiques.
La thématique du débat est consacrée à l’indépendance journalistique, était-ce nécessaire dans cette période de défiance vis-à-vis des médias de rappeler ce qu’est l’indépendance journalistique ?
Il s’agissait surtout de permettre une discussion entre les enseignants et les journalistes. En ce qui concerne les médias de proximité, ils sont soumis à différents pouvoirs ; les pouvoirs économiques locaux, les pouvoirs politiques locaux, les pouvoirs de la société civile locale comme d’ailleurs le sont aussi les médias nationaux à une autre échelle. Donc on doit résister de la même manière, parfois c’est difficile mais la déontologie et l’indépendance journalistique permettent de résister.
C’est donc intéressant de pouvoir échanger sur ce sujet. Il est important que les enseignants et les étudiants qui nous visitent puissent nous poser des questions dérangeantes pour savoir pourquoi on a traité tel ou tel sujet et pas un autre, est-ce qu’il y a eu intervention d’un quelconque pouvoir dans un choix rédactionnel.
C’est aussi important pour nous de pouvoir expliquer notre travail car il y a beaucoup de fantasmes qui circulent sur le travail journalistique, il faut pouvoir y répondre et expliquer la réalité. Il est étonnant de constater qu’une partie de la population s’éloigne des médias traditionnels et sont plus tentés d’écouter et de donner de la voix à des avis qui circulent sur des réseaux sociaux plutôt qu’à une information dûment étayée.
Cette discussion est très saine, cela permet aux journalistes de se remettre en question et cela permet à ce public particulier puisque ce sont des personnes destinées à transmettre le savoir en matière d’éducation aux médias, de savoir un peu plus comment cela fonctionne afin de pouvoir l’expliquer à d’autres.