La parole à Sharon Honkou

Publié par: Aude Lavry - - Publication: 20/12/2021 - Mise à jour: 20/12/2021 - Vues:

Le CSEM a décidé de donner chaque mois la parole à une personne afin de se pencher sur une question d’actualité en lien avec l’éducation aux médias.

Ce mois-ci, la parole est à Sharon Honkou afin d'évoquer son travail de fin d’études qui a remporté le prix du CSEM et dont le titre est : « Nouveau référentiel des compétences initiales : un projet pluridisciplinaire centré sur la photographie permet-il de développer des compétences en éducation aux médias ? »

Pourquoi avoir choisi l’EAM comme sujet de ton travail de fin d’année ?

Je suis partie de ma propre expérience, j’avais beaucoup aimé le cours « d’apport des médias » que j’ai eu dans le cadre de mon cursus à la Haute école Defré. Et puis en faisant des recherches sur l’éducation aux médias, j’ai découvert le nouveau référentiel et je trouvais que c’était un bon départ pour mon sujet. Ensuite, je trouvais que ça avait du sens car l’éducation aux médias est très peu traitée en maternelle.

La question de départ de ton travail est la suivante : « Est-il encore possible de mener des projets d’éducation aux médias tout en respectant le contenu du nouveau référentiel des compétences initiales ? » Quelle est ta réponse à l’issue de ton travail ?

Pour tenter de me positionner face à cette problématique, j’ai expérimenté en classe maternelle un projet d’éducation aux médias centré sur la photographie au sein duquel se croisaient des compétences médiatiques décrites par le CSEM et des compétences disciplinaires du référentiel. Ce projet proposé à des élèves de troisième maternelle visait l’installation d’une exposition de photographies sur le thème des émotions dans l’école. Mon expérimentation consistait à vérifier l’implication des compétences médiatiques au sein du projet. 

Lors de l’analyse des résultats obtenus tout au long du projet grâce à des grilles d’observation, j’ai pu constater que chacune des compétences avait pu être impliquée au moins une fois au cours du projet. Cela confirme donc mon hypothèse de travail : bien qu’appuyé sur des compétences du référentiel des compétences initiales, le projet a permis de travailler, en parallèle, des compétences médiatiques.

La réponse est donc oui mais d’après moi il faut l’envisager de manière plus transversale qu’une activité qui serait uniquement basée sur l’EAM.  Il faut introduire les compétences médiatiques au sein d’autres apprentissages. Par exemple, si dans les apprentissages de français, on travaille sur un livre, il faut voir ce qui a trait aux médias dans le livre et développer cet aspect en même temps que l’apprentissage de la lecture.

Pour proposer des activités qui travaillent réellement des compétences médiatiques tout en respectant le contenu du référentiel, il faut donc en prendre la décision consciente et garder à l’esprit les enjeux de cette discipline pour ne pas s’en éloigner. Ce travail de prise de recul est facilité lorsque l'EAM fait partie intégrante des programmes.

Pourquoi est-il important d’enseigner l’éducation aux médias dès la maternelle ?

Il est, selon moi, très important de faire de l’éducation aux médias avec les enfants dès la maternelle car cela joue un rôle fondamental dans la création de leur personnalité, dans leur rôle d’élève pour le reste de leur scolarité. L’esprit critique doit être développé dès la maternelle, les enfants sont tout à fait capables de donner leur avis et pour pouvoir donner un avis, il faut pouvoir critiquer ce que l’on voit et l’EAM outille les enfants à cela.

L’éducation aux médias représente un processus important dans la formation d’un individu, notamment parce que, dès la maternelle, l’environnement médiatique des enfants est omniprésent. Les enfants sont entourés de médias en classe, à la maison,…ils doivent être capable de comprendre que ça a été écrit ou réalisé par quelqu’un, que c’est adressé à quelqu’un, que cela répond à des codes et cela c’est dès la maternelle que cela commence.

Pour moi, il ne faut pas attendre que les enfants sachent écrire pour percevoir que cela a un intérêt.